Platon : histoire, principes et fondements

L’œuvre de Platon est marquée par la distinction entre le monde suprasensible, des idées essentielles, et le monde sensible, compris par le monde des phénomènes, l’expérience ordinaire, l’apparence des choses.

La dialectique est considérée comme le mouvement par lequel l’âme s’élève progressivement à partir des apparences sensibles. Du monde de l’opinion (doxa) aux idées. Par la formulation d’hypothèses, l’homme, partant du particulier, parvient à la compréhension rationnelle de l’universalité des choses.

La dialectique ascendante conduit à la contemplation intellectuelle de l’idée du « bien » qui échappe à toute définition. Il peut être pris comme le divin, le principe suprême, supérieur à l’existence et à l’essence.

La notion de vertu, quant à elle, désigne cette participation à la connaissance véritable. Pour le monde grec, c’est un principe d’excellence. Il dénote la prudence, le courage, la tempérance et la justice.

La justice introduit l’ordre et attribue une place aux forces intérieures de chacun. Dans l’État, la justice désigne le fait que chaque classe accomplit sa tâche et sa fonction, en donnant un ordre entre les différentes classes et forces présentes au sein de l’État.

Origine du nom

Platon (428/427 av. J.-C. -348/347 av. J.-C.) est un pseudonyme qui signifie « large d’épaules ». Son véritable nom propre dans la Grèce antique était Aristocle Podros.

La création

La pensée et l’œuvre de Platon peuvent être considérés comme un éloge de la raison. Chez Platon, la systématisation philosophique trouve une méthode, la dialectique, capable d’établir le rapport dans la dualité du monde, entre le monde sensible et le monde suprasensible.

La dialectique devient la science suprême (en opposition à la doxa), traitant de l’intelligible, et établissant un lien entre les degrés de connaissance et les degrés d’être. C’est à travers l’idée d’épistÃ?me que la vérité devient possible.

Le chemin dialectique est le moyen qui comprend le passage de la sensibilité aux idées, dans lequel la connaissance rationnelle discursive (dianoia), la connaissance hypothétique, permet d’atteindre une intuition intellectuelle (noiesis).

La hiérarchie entre les idées fait partie de cette ascension de la connaissance à la recherche de la vérité, dans laquelle une Idée mène à une autre idée, jusqu’à ce que l’on arrive à une idée à un degré supérieur. Cette idée suprême, l’idée du bien, est le principe qui rend les autres Idées vraiment intelligibles.

De cette relation entre les Idées naît l’idée même de justice, de bien et de vérité, avec des conséquences sur la formulation politique de Platon pour la polis grecque.

L’idée de la hiérarchie entre les hommes en tant que hiérarchie de la sagesse et du pouvoir se déploie dans une compréhension de la division étatiste de la société et d’une éducation appropriée à celle-ci.

L′histoire

Environnement politique

La pensée de Platon s’inscrit dans le contexte des souverains d’Athènes de la Grèce antique. L’idée de la démocratie dans la polis est une tentative de rendre la philosophie intime aux affaires pratiques des citoyens.

Disciple de Socrate

Selon certaines interprétations historiques, Platon aurait été témoin de la mort de Socrate, dont il était le disciple, sous le régime démocratique athénien en 399 avant J.-C. Craignant pour sa vie, il a quitté Athènes et l’Académie, puis s’est rendu en Sicile et dans d’autres villes méditerranéennes.

L’académie Platon

En 387 avant Jésus-Christ, Platon a fondé l’Académie d’Athènes, qui peut être considérée comme la première « institution » et la première « université » européenne. Un large éventail d’études y était proposé, notamment l’astronomie, la biologie, les mathématiques, la politique et la philosophie.

Participation à la politique

Il avait l’intention de combiner la philosophie avec des réformes politiques. Trois grands voyages en Sicile se soldent par des échecs : d’abord, en 388 avant J.-C., lorsqu’il a des désaccords avec Denys, puis en 367 avant J.-C. pour devenir le tuteur du nouveau tyran de Syracuse, sous le mandat de Denys II, et enfin, en 361 avant J.-C., avec deux de ses élèves, Espeusippus et Xenocrates, y retournant en 360 avant J.-C., après la conquête de la Sicile par les Carthaginois.

Un patrimoine pour toute l’histoire de la philosophie

Platon est mort à Athènes à l’âge de 80 ans, probablement en l’an 348 ou 347 avant J.-C. Son héritage est indiscutable et présent dans l’œuvre de pratiquement toute la philosophie qui l’a suivi. Il est considéré, avec Aristote, comme les deux grandes clés de l’interprétation philosophique de la métaphysique.

De nos jours

La science mondiale

C’est une pensée qui se veut un système de connaissance globale du savoir humain. La philosophie d’Aristote est un précurseur de la connaissance encyclopédique, un format qui est toujours présent aujourd’hui.

Théorie, pratique

La division entre les sciences théoriques et les sciences, et le fait qu’elles aient une sorte de relation, a non seulement influencé la pensée philosophique, comme chez Karl Marx (1818-1873), mais aussi la vie quotidienne des gens.

Héritages pour les sciences

Il est indéniable que plusieurs des découvertes aristotéliciennes ont perduré. Bien que certaines théories soient devenues désuètes, comme la théorie du ciel, qui a duré jusqu’à la Renaissance, ainsi que sa physique élémentaliste (eau, air, terre et feu) qui s’est prolongée jusqu’au XIXe siècle, il reste encore plusieurs des aspects dans le domaine de la psychologie, qui n’ont pas encore été contredits par les sciences modernes.

Par exemple, la localisation précise de l’idée d’âme et d’intellect, la distinction entre facultés et organes, etc. De plus, à l’exception de la physique quantique, l’idée de la cause motrice est encore utilisée pour expliquer de nombreux phénomènes par l’observation scientifique du réel, voire par des représentations empiriques issues du domaine du vivant.

Les spécificités de l’homme

Le principe de rationalité a un principe de vitalité, qui modifie notre attitude envers la nature, comme s’il unissait un sens élevé et idéal à l’existence biologique. Une société dirigée par la partie rationnelle de l’âme est capable de construire des relations plus durables entre les hommes qu’une société dans laquelle tous sont à la merci de la partie concupiscente de l’âme.

L’éducation à la citoyenneté

Cette conception est présente encore aujourd’hui, dans laquelle la figure de l’État est chargée de donner une éducation universelle à tous, des vertus civiques pour le bon fonctionnement de la polis.

Principes fondamentaux

Dualisme métaphysique

Il existe une dualité ontologique et gnoséologique fondamentale :

1) le monde intelligible, le monde de l’être authentique, de l’unité, de l’immuabilité, des idées, de l’essence, de la science (épistème) ;

2) le monde de la perception humaine, ou le monde de l’apparence ; de la multiplicité, du changement, de l’image, de l’illusion, de la corruption, de l’opinion (doxa).

Le monde des idées

Ils sont les essences eidétiques du monde intelligible. Seul le monde des idées est réel, car elles ont une existence indépendante. Chaque idée est une « substance », une réalité transcendante, dans laquelle la réalité du monde sensible n’est qu’une participation au monde intelligible. L’idée de beauté est ce par quoi les choses sont belles.

Chaque idée est unique, éternelle, immuable, atypique et acrostique. Une idée peut participer à l’autre, dans une communication (koinonia) et une combinaison (symploké). Et la relation d’une idée à l’expérience quotidienne peut être donnée par l’imitation, par la mimesis que le sensible a de l’intelligible.

Une âme

Platon distingue le corps (soma) de l’âme.Elle est l’intermédiaire entre les deux mondes, l’authentique et le vrai de l’homme. L’éternité et l’immortalitéde l’âme sont l’essence et le fondement de la connaissance humaine en tant qu’elle appartient au monde des idées. Platon établit une division tripartite de l’âme, dans laquelle à chaque partie correspond une vertu cardinale : la vertu du rationnel est la prudence, celle de l’irascible la force morale, et celle de la concupiscence la tempérance. Cependant, la principale vertu est la justice, qui naît lorsqu’une des parties de l’âme remplit sa tâche.

Amour

L’amour est aussi l’un des moyens par lesquels l’homme a accès à l’intelligible. C’est un moyen, une dialectique passionnée d’ascension vers les idées, des choses sensibles vers le beau. Le fameux « amour platonique » consiste en cette ascension vers la beauté, dans des passages que l’on peut vérifier dans le « Fedro » et le « Banquet ». L’amour est le philosophe, et la raison en est cette affinité de l’âme avec les idées.

Réminiscence et maïeutique

Dans le dialogue de Menon, et plus tard dans celui de Fedon et Fedro, le thème selon lequel apprendre et connaître, c’est se souvenir, émerge. La conséquence est que la compréhension de l’éducation pour Platon réside dans la capacité d’atteindre les vérités ultimes comme quelque chose d’inné à tous les hommes.

C’est dans cette clé que l’on comprend l’inscription d’Apollon au Delphes : « Connais-toi toi-même », dans laquelle cette connaissance consiste à trouver en soi ce qui a déjà été connu. La maïeutique socratique, dont traite Platon, est la manière dont Socrate amène ses interlocuteurs à se découvrir eux-mêmes, à prendre conscience de leurs richesses implicites. Par le dialogue et la maïeutique, l’exercice philosophique consiste à révéler ce contenu secret, à l’organiser par la raison.

Le dialectique

La dialectique est la notion d’unité entre les contraires. C’est la procédure qui permet d’accéder du sensible au suprasensible par étapes, d’hypothèse en hypothèse. En partant du contenu concret, il peut trouver une définition abstraite de quelque chose, et à son tour la détermination d’autres choses. Elle procède d’une espèce, son aspect (eidos), à une détermination supérieure (genus), qui contient à la fois la définition de l’espèce et son contraire.

Platon appelle aussi dialectique la connaissance des relations entre les idées (symploké), déterminant, définissant et passant de l’une à l’autre, en supposant l’interdépendance des déterminations. Dans cette procédure dialectique, il serait possible d’atteindre une détermination ultime et définitive, en montant (synagogue, anairein) vers un accès ultime.

Ce serait l’être, l’idée de toutes les idées, comme l’idée du Bien. Il y aurait donc une dialectique ascendante qui s’élève d’idée en idée, en éliminant toutes les hypothèses, jusqu’à arriver à l’idée du Bien. En elle, à partir du multiple, nous arrivons à l’unique, en découvrant le principe de chaque chose.

C’est la dialectique que Socrate utilise dans ses dialogues moraux. Il y aurait aussi une dialectique descendante, qui essaie de développer, par la puissance de la raison, les différentes conséquences de ce principe, mais sans hypothèse, en essayant de reconstruire toutes les idées sans recourir à l’expérience. C’est par cette dialectique que Platon constitue la vraie philosophie, ou philosophie académique, en systématisant la méthode philosophique.

Critique de la démocratie

Platon développe une critique du régime démocratique, le considérant comme ingouvernable. Son argumentation se base sur la relation entre le savoir et le pouvoir avec les foules, produisant à la fin un système politique en désordre, menant à la tyrannie et à l’immoralité de chacun. La foule est assimilable par nature à un esclave avec ses passions et ses intérêts passagers, sensible à la flatterie et incapable d’une réflexion juste et rigoureuse.

Lorsque la foule élit ses magistrats, elle le fait en fonction de leurs qualités oratoires, déduisant du discours leurs capacités politiques. La dynamique des assemblées n’aboutirait qu’à une dispute entre des opinions subjectives incohérentes, abaissant la qualité de la prise de décision dans le régime politique.

Classes sociales et citoyenneté

La théorie politique de Platon est étroitement liée à sa théorie de l’âme. Ainsi, il y aurait trois sortes d’hommes, égales aux trois parties de l’âme :

1) les philosophes (l’or), qui représentent la sagesse du domaine de l’éducation et du gouvernement, sont la partie rationnelle de l’âme, dont la vertu est la prudence ;

2) les gardiens (argent), qui ont pour mission de défendre la ville et d’aider les dirigeants, sont la partie irrationnelle de l’âme, ayant pour vertu la force d’âme ;

3) les travailleurs manuels (fer), chargés de satisfaire les besoins primaires des habitants de la ville, dotés de la vertu de tempérance, et équivalents à la partie concupiscente de l’âme.

Chacune de ces strates de la ville remplit sa tâche, en accomplissant la vertu de justice, en faisant culminer et en synthétisant les autres vertus. La ville ne sera pas formée par une population homogène, mais par des classes distinctes. Cohabités, ils accomplissent une sorte de perfection dans cette hiérarchie unifiée, formant une unité politique et morale. Cette théorie qui unit les différences naturelles entre les hommes est transmise à la postérité comme un exemple aristocratique de bon gouvernement.

Pour une éducation à la polis, le thème éthique est lié au thème gnoséologique. La vérité et la justice ne sont que deux grands thèmes qui apparaissent dans les dialogues de Platon : seul le sage peut être bon et juste. L’homme sage peut être vertueux et heureux parce qu’il distingue les bonnes choses des mauvaises, et eux seuls peuvent mener un État juste, en construisant une société harmonieuse, juste et heureuse. L’éducation est destinée à former une élite intellectuelle.

En pratique

Nous en trouvons quelques traces dans la pratique du platonisme :

Idéalisme et passion : nous trouvons toujours la présence de l’Idéal qui coordonne l’expérience. La notion de « passion idéalisante », pour paradoxale qu’elle soit, est le trait commun de la conduite humaine pour un idéal élevé, comme lorsqu’on dit qu’une personne développe des « passions platoniques ».

La pensée et le monde universitaire : l’introduction d’une méthodologie rigide pour la recherche de la vérité et axée sur de nombreuses disciplines a inauguré la pratique de la pensée en tant que rassemblement de groupes étudiant et réfléchissant à des questions thématiques. On peut dire que Platon a créé la première idée d’une « université » pour la pratique philosophique.

Dialectique : en tant que méthode, la dialectique a été développée pour la première fois par Platon. C’est l’instrument pratique, sous forme de dialogues, capable d’exercer la vérité dans la pratique.

Top noms

Platon (428/427 av. J.-C. -348/347 av. J.-C.) Avec Aristote, il est le grand représentant de la philosophie dans la Grèce antique. Il est né à Athènes, sur l’île d’Égine, d’une ancienne famille aristocratique athénienne.

Parmi ses ancêtres figurent, du côté maternel, le célèbre législateur Salon (vers 639 av. J.-C. – 559 av. J.-C.) et, du côté paternel, le roi Codro (1090 av. J.-C. – 1069 av. J.-C.). Son vrai nom était Aristocle, mais en raison de son physique, on le surnommait Platon (qui signifie littéralement « large d’épaules »).

Il fréquente les gymnases avec assiduité, obtenant deux fois des prix aux Jeux Asthmatiques. Il a commencé par suivre les leçons de Cratilus, disciple d’Héraclite, et celles d’Hermogène, disciple de Parménide. En principe, par tradition familiale, il devait suivre la vie politique. Cependant, l’expérience du gouvernement des 30 tyrans qui gouvernèrent Athènes par imposition de Sparte (404-403 av. J.-C.), et dont faisaient partie deux de ses oncles, Crustias et Candides, l’éloigna de cette option de vie, du moins de la manière dont la politique était exercée.

L’influence de Socrate

L’influence de Socrate a été le grand tournant de sa carrière. Il est devenu son disciple vers 408 avant J.-C., alors qu’il avait 20 ans. Il a trouvé en lui le maître, qu’il a honoré dans son œuvre, en en faisant l’interlocuteur principal de presque tous ses dialogues.

La condamnation de Socrate (399 av. J.-C.), et son action pour le sauver, le contraignent à l’exil cette année-là. Désillusionné par le régime aristocratique, mais aussi par la démocratie athénienne, il commence à soutenir que les lois et les coutumes du peuple doivent être fondées sur des conceptions philosophiques.

Après cette période, il vit à Mégare, avec Euclide (né en 300 av. J.-C.) et Terpson (IVe siècle av. J.-C.), disciples de Socrate. Il retourne à Athènes pour servir dans la cavalerie, comme ses frères. Il voyage à nouveau, cette fois en Égypte, où il est initié aux mystères d’Isis.

Il se rend ensuite à Cyrène où il étudie les mathématiques avec Théodore, qui en fera plus tard son interlocuteur dans le dialogue Théétète. Dans le sud de la Grande Grèce (Italie), à Tarente, il apprend la philosophie pythagoricienne auprès de Philolaus de Crotona (470 av. J.-C.-385 av. J.-C.) et d’Archites de Tarente (428 av. J.-C.-347 av. J.-C.).

En Crète, il a étudié la législation de Minos. Certains disent qu’il était en Judée, où il a été en contact avec la tradition des prophètes, et même sur les rives du Gange, il aurait rencontré des mystiques hindous. En 388 avant J.-C., il se rendit en Sicile, alors gouvernée par Denys l’Ancien, dans le but de le convertir à son concept philosophique, mais il n’eut pas le succès escompté.

Retour à Athènes

À son retour à Athènes en 387 avant J.-C., il a fondé l' »Académie » de Platon, qui est devenue le centre intellectuel de la Grèce antique et a accueilli des philosophes et des hommes politiques tels qu’Aristote (384 av. J.-C. – 322). J.-C.), Eudoxe de Canidus (408 av. J.-C.-347 av. J.-C.), Xénocrate (396 av. J.-C.-314 av. J.-C.), Esquines (389 av. J.-C.-314 av. J.-C.) et Démosthène (384 av. J.-C.-322 av. J.-C.).

Il est resté à Athènes pendant une vingtaine d’années, jusqu’à son retour en Sicile en 367 avant J.-C., avec l’idée de convertir le nouveau monarque Denys le Maure en un roi philosophe. Les résultats n’ont pas été atteints, et Platon a été persécuté et réduit en esclavage à cause de ses idées politiques, et vendu sur le marché d’Égine, où il a finalement été acheté par un de ses amis.

Il retourne à Athènes, et meurt en 347 avant J.-C., à une époque où la ville se bat contre Philippe de Macédoine, un conflit qui lui sera fatal.

L′ensemble des travaux

L’ensemble des œuvres de Platon, contrairement à celles d’Aristote, a été écrit pour le grand public. Il y a 35 dialogues, quelques lettres, des définitions et six petits dialogues apocryphes, presque tous sans dates précises : Axioco, Sur la justice, Sur la vertu, Démodocus, Sisyphe et Eroxias.

Les dialogues considérés comme authentiques aujourd’hui sont toutefois limités à 24, et sont généralement divisés en quatre groupes, en fonction de leur proximité avec les idées socratiques. Parmi les Dialogues de jeunesse influencés par Socrate figurent Laques, Charmide, Euterphron, Hypias Minor, Apologie de Socrate, Chronon, Ion, Protagoras, Lyssus. Les Dialogues contre les sophistes : Gogias, Monnon, Euthymenaeus, Chrithias, Theetetho. Et les dialogues de la maturité, dans lesquels se développe sa théorie des idées : Fedro, Banquet, Phelon, et République. Et les dialogues dans lesquels il fait un bilan critique de sa philosophie : Parménide, Sophiste, Politique, Philémon, Timée, et Les Lois, une œuvre qui n’a pas été achevée.

En ce qui concerne les thèmes, Platon appréhende sa philosophie comme une méthode qui se réfère à tout. Du point de vue de la connaissance, il a critiqué le monde sensible comme étant le monde des changements et des opinions illusoires et vulnérables, comprenant que la vraie connaissance est le fruit des idées éternelles, séparées du monde des choses.

Il soutenait en outre que tous les êtres humains, à des degrés divers, possèdent déjà, à leur naissance, un grand nombre de ces idées. En ce sens, connaître ou apprendre, c’est se souvenir de ce qui est obscurci dans l’âme.

La cosmotologie

Ses idées cosmologiques étaient profondément influencées par le pythagorisme. Refusant les causes physiques pour ce qui se passe dans la nature, il soutenait que la seule science possible était dans la découverte des modèles éternels et parfaits de toutes choses.

Il a donc conçu un univers hiérarchisé selon des degrés de perfection : au sommet se trouvaient les étoiles, considérées comme divines, et donc éternelles, immuables, ayant une forme sphérique qui était la plus adaptée à ces attributs. En dessous, il y avait la terre, imparfaite.

La théorie des idées est inséparable de l’aspect moral et esthétique. Les œuvres d’art, suivant ce principe et cette perfection, n’admettent aucun changement ou innovation dans le domaine artistique. Une fois l’œuvre d’art idéale atteinte, c’est-à-dire parfaite, il ne reste plus aux artistes qu’à continuer de la reproduire à l’infini. En matière de morale, il a combattu le relativisme des valeurs, défendu par les sophistes.

Que le seul devoir de l’homme est envers le Bien, qui s’identifie au Beau et à l’Un, possible par le détachement des valeurs matérielles et des besoins corporels. Les développements politiques de sa philosophie sont considérés comme l’étude normative des principes théoriques du gouvernement des hommes, trouvant leur fondement dans l’étude de l’âme humaine.

Autres points de vue

Canapés

Une partie de l’opposition philosophique de Platon se trouve dans la figure des sophistes. Ils sont considérés comme des relativistes, des « professeurs d’éloquence », sans méthode ni rigueur philosophique. Ils empêchent l’acquisition et la compréhension de vérités stables pour la conduite de la vie publique et la santé de la Cité.

Socratisme

La figure de Socrate a été sauvée de l’œuvre de Platon, son œuvre étant la grande source d’information à son sujet. De Socrate, Platon a hérité le dialogue « la dispute dans les dialogues « , la méthode dialectique pour la recherche de la vérité.

Les Pythagoriciens

On parle aussi beaucoup de l’influence des pythagoriciens dans la pensée de Platon, comme la division entre l’esprit et la matière et les études mathématiques, avec les problèmes et les théorèmes de l’école dirigée par Pythagore.

Aristotelisme

Contrairement à l’idéalisme platonicien, pour lequel les objets matériels ne sont que des copies d’idées, l’aristotélisme est plutôt empiriste, considérant que notre connaissance vient avant les sens, de l’expérience. La philosophie aristotélicienne est le grand contraste de la philosophie platonicienne.

Branches

La philosophie de Platon se divise en trois domaines :

Le platonisme dans l’académie

L’Académie de Platon (ou Académie de Platon, Académie d’Athènes ou Ancienne Académie) a été fondée par Platon vers 384/383 avant J.-C. à Stagira. Cette école informelle de Platon comprenait des penseurs du monde grec antique, dont beaucoup ne sont mentionnés que dans ses Dialogues, tels que Théétète, Léodamas de Tasos et Néoclide, ainsi que deux femmes, Asiothée de Filos et Lasthénie de Mantinée.

Il n’existe aucun document officiel sur l’enseignement des matières, l’utilisation de la dialectique dans les dialogues philosophiques étant plus probable.

Médio-platonisme

Il s’agit de la période d’interprétation de la philosophie de Platon durant les premiers siècles de l’ère impériale (du 1er siècle avant notre ère au 2e siècle de notre ère). Elle est datée comme une forme de platonisme apparue après la mort d’Antiochus d’Ascalon (130 avant J.-C. – 68 avant J.-C.), un philosophe académique éclectique du 1er siècle avant J.-C., et s’étend jusqu’au début du IIIe siècle de notre ère.

Le préfixe amadium peut être considéré comme une transition entre le platonisme scythe de la période hellénistique et le néoplatonisme qui s’épanouira à partir du IIIe siècle. On considère aujourd’hui qu’ils ont également été très importants pour la formulation rationaliste du message religieux dans la Patristique.

Le néoplatonisme

 Défini comme l’ensemble des doctrines et des écoles d’inspiration platonicienne qui se sont développées du IIIe au IVe siècle, plus précisément de la période de la fondation de l’école d’Alexandrie par Amunius Sacas (en 232) à la fermeture de l’école d’Athènes imposée par l’édit de Justinien en 529. Les aspects les plus marquants du néoplatonisme sont le spirituel et le cosmologique, dans certains cas également avec la théologie égyptienne et juive.

Elle a influencé des penseurs chrétiens comme Augustin (354-430), Boèce (480-524), Jean Scot Ergon (815-877) et Bonaventure de Bagnoregio (1221-1274), et même des penseurs islamiques et juifs médiévaux comme Al-Farabi (872-950) et Moises Maimonide (1135-1204), ainsi que l’Académie Platonicienne de Florence.

Principaux travaux

Fédon

Deux thèmes sont fondamentaux dans cette œuvre, dont l’élaboration est estimée à environ 387 av. J.-C. : l’immortalité de l’âme et la manière dont un sage affronte la mort. Le dialogue se déroule à Fliunte, une ville de Sâcon, au nord-est du Péloponnèse, en Grèce, l’un des plus importants centres du pythagorisme.

Les personnages sont Phidon d’Elis, un disciple de Socrate, Samias et Cébès, originaires de Thèbes, où ils étaient disciples du pythagoricien Philolaus Creston, un riche Athénien et ami de Socrate et d’Echecrate, à qui Phidon raconte la mort de Socrate. Ainsi, la structure du dialogue est donnée dans quelques thèmes qui imprègnent le dialogue, qui consiste à discuter la vision de la mort comme libération, à discuter la relation entre le corps et l’âme, et l’existence de l’âme par rapport au corps, la théorie des idées, la dégradation de l’âme dans les réincarnations successives, et dans l’épilogue le dernier message de Socrate.

Banquet

Cette œuvre, datant d’environ 380 avant J.-C., peut être considérée comme la réponse de Platon aux accusations de la ville contre la philosophie. Platon raconte un festin dans la maison d’Agathon. Étaient présents à ce banquet, entre autres, Aristodème, ami et disciple de Socrate, Phèdre, le jeune rhéteur, Pausanias, le médecin Eriximaque, Aristophane, le comédien qui ridiculisait Socrate, et le politicien Alcibiade. Et aussi le vieux Socrate.

L’exagération de la fête de la veille, notamment l’excès de boisson, avait fatigué les invités d’Agathon. Pausaânias a alors proposé qu’au lieu de boire, ils restent là et parlent, discutent ou que chacun fasse quelque chose de différent.

Cette proposition de Pausanias a été acceptée par tous. Ce à quoi Eriximaque ajouta que s’ils faisaient l’éloge d’Eros, alors les invités devraient faire un discours pour louer l’amour. Pausinias, affirmant qu’il y a plus d’un Eros, partagé entre le bien et le mal, le réel et le divin, est le premier à prendre la parole : Eriximaque.

Le second, fait remarquer que l’amour n’influence pas seulement les âmes, mais donne aussi l’harmonie au corps ; Aristophane, ensuite, prend la parole en affirmant que l’amour est le désir et la recherche de la moitié perdue à cause de notre injustice envers les dieux ; Agathon, l’hôte et le dernier des panégyristes de l’amour, ne se propose pas de louer les bienfaits qu’Eros apporte à l’homme, mais plutôt de chanter le dieu lui-même et son essence, puis de décrire sa dot.

Distanciation de la pensée

Après toute cette longue liste de vertus attribuées à Eros, on remarque combien le poète s’éloigne de sa proposition initiale et de son précepte méthodologique ; Socrate, l’un des présents, propose de dialoguer sur la définition de l’amour. Il explique comment Diotima lui a enseigné la généalogie de l’amour et arrive au point crucial du concept d’amour : ce que l’on aime est seulement ce que l’on n’a pas. La vérité est quelque chose qui est toujours au-delà, une agitation qui fait de l’amour un philosophe.

La République

La République (Politeia), datant d’environ 375 avant J.-C., est le dialogue le plus célèbre de Platon, le plus lu et le plus commenté à travers l’histoire.

On y discute de la question du temps, et de la manière d’éviter que la ville, qui n’est plus attachée à une tradition acceptée par tous, puisse se soumettre au principe de la discussion sans glisser dans les caprices des intérêts particuliers et de la dispersion. La République contient plusieurs thèmes philosophiques, sociaux et politiques entrelacés.

La question clé est celle de la justice au sens large, une occasion que Platon saisit pour commenter l’éducation et le thème générique de la connaissance des choses.

Le livre jouit d’une certaine indépendance, tandis que les autres (10 en tout) abordent des thèmes variés. La formation des chefs (les gardiens) est présente dans les livres 2, 3, 4, 5 et 6 ; la formation des dirigeants, une classe spéciale de gardiens, dans les livres 6 et 7 ; une fois la tâche publique comprise, Platon la compare à ce qui se passe dans les cités existantes (livre 8I) ; Face au défi lancé par Trasmachus face aux convenances de la tyrannie (livre 9), Platon termine (livre 10) par la proposition d’un mythe, traitant de l’importance de l’art, du destin et de la liberté.

Teeteto

Dialogue platonicien sur la nature de la connaissance. Rédigé au milieu de l’année 369 avant J.-C., on y voit apparaître, peut-être pour la première fois de manière explicite en philosophie, la confrontation entre la vérité et le relativisme.

De ce dialogue découle une définition traditionnelle de la connaissance comme une croyance vraie et justifiée. Les principaux personnages de ce dialogue sont Socrate, Théodore de Cyrène et le mathématicien Thééto. Il y a aussi deux personnages qui n’apparaissent que dès le début du dialogue : Terpsion et Euclide.

L’œuvre est divisée en trois parties, chacune présentant des moments du débat entre Socrate et Thééto, les deux principales figures de ce dialogue. Platon entend, à travers elle, prouver qu’il est possible d’accéder à la connaissance par la raison, et non par la subjectivité gnostique des sophistes, qui prétendaient que les sens déterminent la connaissance.

Ainsi, Socrate rejette les quatres thèses de Théétète : la connaissance ne peut être définie par des exemples ; elle n’est ni une perception, ni une opinion vraie, ni une explication accompagnée d’une opinion vraie.

Socrate réfute ces arguments d’un point de vue critique, en formulant des questions sur leurs thèses, sans arriver à un concept défini

Sources et inspirations

Sophisme Un des points initiaux de la philosophie platonicienne est la critique des sophistes. Pour Platon, les sophistes avaient perdu de vue le sens de la distinction entre vérité et apparence et l’objectivité des normes. La vérité a été relativisée, devenant subjective et dépendant des différents points de vue et intérêts en jeu.

La sophistique était la grande cible de Platon, considérée comme une anti-philosophie ou une philodoxie. En opposition, il a développé un sens précis et normatif pour la notion de vérité, une correspondance entre l’être et la connaissance, entre l’être et la vérité.

La figure de Socrate (469 av. J.-C. – 399 av. J.-C.)

Selon certains récits, en l’an 407 avant J.-C., Platon a rencontré Socrate, devenant un disciple de sa position philosophique en quête de vérité et de justice. Il a déterminé le véritable objet de la science dans sa maïeutique, en opposition à la pratique des sophistes : c’est un processus dialectique par induction, comme moyen de généralisation qui remonte du particulier à la notion universelle.

Les Pythagoriciens La figure de Pythagore, qui, comme Socrate, n’a rien écrit, est entourée de mythes dans l’histoire des anciens. On peut toutefois affirmer que les doctrines des pythagoriciens formaient un amalgame complexe de chiffres, de mathématiques et de musique, de mysticisme et de cosmologie, ainsi que de divers postulats concernant le mode de vie.

L’un des plus importants fut sans doute, outre Pythagore lui-même (570 av. J.-C. – 495 av. J.-C.), Philolaus de Crotona (470 av. J.-C. – 390 av. J.-C.). L’œuvre de Platon est présente d’une manière ou d’une autre chez presque tous les philosophes à venir. Certaines des influences les plus directes ressortent :

Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.)

Exposant et fondateur de la philosophie occidentale dans la Grèce antique. Élève de Platon et professeur d’Alexandre le Grand (356 av. J.-C. -323 av. J.-C.), ses écrits couvrent des sujets aussi divers que la physique, la métaphysique, les lois de la poésie et du théâtre, la musique, la logique, la rhétorique, le gouvernement, l’éthique, la biologie et la zoologie. La Métaphysique et l’Éthique à Nicomaque, toutes deux du IVe siècle avant J.-C., sont deux de ses grandes œuvres.

Thomas More (1478-1535)

Diplomate, écrivain, avocat qui a occupé de nombreuses fonctions publiques, notamment celle de Lord Chancelier  (le premier depuis plusieurs siècles) d’Henri VIII d’Angleterre. Il est généralement considéré comme l’un des grands humanistes de la Renaissance et a été canonisé comme saint de l’Église catholique en 1935. Il est l’auteur de la célèbre œuvre Utopie (1516).

Tommaso Campanella (1568-1639)

Philosophe, poète et théologien dominicain de la Renaissance italienne. Selon Campanella, les sciences traitent des choses telles qu’elles sont, tandis que la philosophie (et surtout la métaphysique) est chargée d’expliquer les choses dans leur sens profond. De sa vaste œuvre, qui couvre divers sujets, tels que la grammaire, la rhétorique, la philosophie, la théologie, la politique et la médecine, le point culminant est La Cité du Soleil (1602).

Karl Jaspers (1883-1969)

Philosophe et psychiatre allemand. Il a été fortement influencé par la tradition existentialiste. Il affirmait que la philosophie avait son début et sa fin chez Platon. Jaspers s’est attaché à établir la relation entre l’existence et la raison, ce qui l’a conduit à approfondir le concept de vérité, compris comme une sorte d’environnement qui implique toute connaissance. Œuvres notables : Situation spirituelle de notre temps (1931), Philosophie (1932), Introduction à la philosophie (1953).

Alfred North Whitehead (1861-1947)

Philosophe et mathématicien britannique. Avec Bertrand Russell, il a écrit les Principia Mathematica (1913). Il est l’auteur de la célèbre phrase selon laquelle « Tout ce qui a été écrit sur la philosophie n’est que des notes de bas de page de l’œuvre de Platon ».

Bertrand Russell (1872-1970)

L’un des mathématiciens, philosophes et logiciens les plus influents du XXe siècle. Politicien libéral, activiste et vulgarisateur de la philosophie, il affirmait que les raisons pour lesquelles les jeunes d’aujourd’hui étudient les mathématiques doivent être lues dans la République de Platon. Il est l’auteur de L′histoire de la philosophie occidentale (1977) et de Pourquoi je ne suis pas chrétien (1957).

 

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