Les mouvements philosophiques et les principaux penseurs des Lumières.

La liberté est la source de l’évolution sociale

Les Lumières sont un mouvement qui place la raison au centre du débat. C’est dans l’utilisation critique et appropriée de la rationalité que les êtres humains peuvent réaliser des progrès sociaux et spirituels.

La liberté est le concept organisateur de l’illumination. C’est par elle que l’usage critique de la raison est possible, favorisant une avancée dans le débat d’idées, dans la formulation des lois et des règles sociales. Sur le plan pratique, le libre échange des biens de consommation permet le développement de la société.

Les Lumières rejettent l’idée d’aliénation ou de passivité. Il appartient à l’être humain de développer une conscience active de lui-même et du monde. Ce n’est pas à lui d’accepter l’imposition de dogmes, religieux ou politiques. Au siècle des Lumières, l’individu se bat pour être un citoyen.

L’utilisation de la technologie et la maîtrise de la nature caractérisent la forme politique bourgeoise : elle est le symbole du citoyen qui vit sous l’ordre de l’État, qui croit aux lois et qui réclame la liberté économique pour l’évolution sociale.

Origine du nom

Il s’agit d’une désignation spécifique et d’un usage strictement philosophique. Le mot « illumination » peut être pris en deux parties :

1. illuminer : dans le sens de ce qui donne de la lumière ou de ce qui éclaire.

2. Le suffixe -isme, qui caractérise une doctrine, un système, une théorie, une tendance ou un courant.

Création conceptuelle

L’illumination est une reprise de l’enthousiasme pour le discours rationnel. La connaissance devient la valeur suprême, et non plus l’imposition d’une croyance religieuse. L’homme acquiert un trait encyclopédique, capable de systématiser les connaissances et les concepts dans des projets pour l’humanité.

Savoir, c’est comprendre et maîtriser des techniques qui, à leur tour, exercent une tentative de contrôle sur la nature. Les Lumières signifient l’intervention radicale de l’homme dans les lois naturelles, en s’étendant géographiquement et en intervenant consciemment dans la direction de l’histoire.

L’homme au centre des pouvoirs a pour emblème la figure de l’État. C’est l’instrument des Lumières pour l’organisation sociale. Il intervient, instruit, organise, punit, perçoit des impôts et dispose de ses fonctionnaires. L’État est le contrôle humain qui permet l’exercice de la liberté et la culture de la connaissance.

Le modèle de liberté des Lumières culmine dans la bourgeoisie. Produire un métier, acquérir une éducation, avoir les garanties des lois comme le soutien de l’État : ainsi peut être défini l’esprit bourgeois. Avec son essor, l’individu émerge centré sur le travail et la lutte pour la citoyenneté, en opposition au noble, représentant de l’ancienne forme de gouvernement et de vie sociale.

Histoire

Dieu et la raison :

C’est au 17 ème siècle que les Lumières ont fait leurs premiers pas, mais leur histoire peut être reliée à la Renaissance et à la Réforme protestante, deux attaques contre l’édifice intellectuel et politique du Moyen Âge occidental, qui reposait jusqu’alors sur le christianisme. À la Renaissance, les travaux scientifiques de Nicolas Copernic (1473-1543) et de Galilée (1564-1642), ajoutés à la rigueur mathématique de Descartes (1596-1650) et de Leibniz (1646-1716), et la nouvelle conception de l’univers promue par les textes d’Isaac Newton (1642-1727) mettent en conflit les notions religieuses et le monde des idées et de la raison. La Réforme de Luther (1483-1546) et de Calvin (1509-1564), quant à elle, a eu des effets sur la société, la politique et l’économie de l’Occident. Ces changements ont ouvert la porte à l’arrivée des Lumières.

Le siècle des Lumières 

L’apogée des Lumières est le 18 ème siècle, qui marque un tournant historique, plaçant l’être humain et ses connaissances au centre des préoccupations. L’événement marquant de cette période est la Révolution française (1789), avec sa devise « Liberté, égalité et fraternité », qui a influencé d’autres mouvements, tels que l’indépendance des colonies anglaises d’Amérique du Nord (fin du 18 ème siècle) et l’Inconfidencia Mineira (1789), survenue au Brésil.

L’émancipation politique 

La crise de l’ancien régime est caractérisée par le mercantilisme et l’absolutisme monarchique.

Traces de l’idéologie des lumières

Nous trouvons aujourd’hui des traces de l’idéologie des Lumières dans les nouvelles idées sur la liberté et les politiques sociales ou éducatives :

Mouvements émancipateurs : le monde est aujourd’hui marqué par diverses luttes et conquêtes de droits. La discussion féministe sur le genre, le large débat sur les quotas pour les descendants africains dans les universités brésiliennes, les immigrants marginalisés et la diversité sexuelle sont des mouvements qui, en général, sont basés sur des auteurs ayant des idées éclairées sur l’émancipation et la lutte pour les droits de citoyenneté.

L’idée du progrès social comme progrès technique et éducatif est très illuministe et est très présente aujourd’hui. Pratiquement toutes les nations du monde se basent sur des indices de développement qui mettent en relation l’économie, l’éducation et les conditions sociales.

Nous trouvons également une sorte de trace illuministe dans la demande croissante de connaissance de soi et de développement personnel. Le souci de la santé et les nouvelles façons de traiter les problèmes quotidiens évoquent l’idée d’une émancipation de l’individu et de son environnement social.

Les fondements des Lumières

L’illumination

Les notions des Lumières font partie d’un mouvement philosophique, politique et social qui a émergé en Europe au 18 ème siècle. De nombreuses idées nouvelles sont apparues à cette époque dans les sciences naturelles, notamment en ce qui concerne l’utilisation correcte et critique de la raison. La notion de lumière fait partie du diagnostic des Lumières selon lequel la société vivait alors dans une ère d’obscurité, sombre et peu éclairée. Pour améliorer ce tableau, ils pensaient qu’il fallait la présence de la lumière de la raison.

Des implications radicales 

Nous trouvons de nombreuses implications dans les domaines de la moralité, de la connaissance et de la vie pratique. La critique et la technique sont devenues les principaux enjeux de la coexistence sociale, tout comme la liberté a signifié une plus grande circulation des biens et des marchandises. Le débat d’idées a été stimulé par le questionnement, la recherche et l’expérience. Ainsi, la philosophie, les arts et les sciences se sont retournés contre les impositions dogmatiques de la religion et de la politique, jusqu’alors théocentriques et féodales.

Le pouvoir de l’État et de la raison 

L’organisation de la vie sociale est devenue de plus en plus étatique. L’idée que le monde humain de la connaissance est différent de l’univers religieux a gagné en puissance. La raison de l’individu est considérée comme quelque chose à développer, mais qui doit obéir à une volonté plus grande et publique. L’influence religieuse est ébranlée et l’État assume les tâches consistant à promulguer des lois, des codes de conduite, à collecter des impôts et à encourager l’éducation populaire.

En pratique

Le siècle des Lumières peut être considéré comme celui qui excelle dans l’utilisation de la rationalité pour la connaissance et l’activité de l’homme :

1) De manière générale, les Lumières luttent pour se faire une place dans l’espace politique, reléguant la religion au second plan et dans le monde privé. Une illumination a des affinités avec la perspective athée.

2) L’idée d’éclairer le monde par l’homme lui-même élève la fabrication de la science au rang d’activité finale. L’homme cherche à savoir afin de produire encore plus de connaissances.

3) L’organisation sociale fondée sur les Lumières donne du crédit à la formulation des institutions. C’est l’État, dans ses différentes divisions bureaucratiques, qui est responsable de la création des modes de vie.

Top noms

Montesquieu (1689-1755)

Philosophe français. Sa principale contribution en politique a été l’idée que le gouvernement devait être exercé par trois pouvoirs indépendants (législatif, exécutif et judiciaire). Cette thèse a une influence importante sur plusieurs textes constitutionnels modernes et contemporains.

Dans sa publication la plus connue, L’esprit des lois (1748), Montesquieu distingue trois classes de gouvernement : les républiques, la monarchie et le despotisme. Il pensait que le gouvernement britannique, avec ses trois pouvoirs divisés en exécutif, législatif et judiciaire, était le système à suivre, car il limitait et contrôlait le pouvoir royal, garantissant une plus grande liberté et sécurité pour l’État.

Deux aspects de son originalité dans l’étude scientifique des sociétés, la description de la réalité sociale selon une méthode analytique et positive, qui tente d’organiser la multiplicité des données de la réalité sociale en un nombre réduit de types; le libéralisme qui découle de sa séparation des pouvoirs de cette organisation rationnelle des faits sociaux d’expérience.

Voltaire  (1694-1778)

Philosophe français et célèbre anticléricaliste en raison de sa critique bien connue du christianisme. Il s’est distingué par son opposition à la pensée religieuse, la manière acide de ses critiques et sa défense de la liberté intellectuelle.

Il défend l’existence d’un monarque absolu, à condition qu’il cultive la science et soit ouvert aux réformes proposées par les philosophes des Lumières. Dans le Traité sur la tolérance (1763), il justifie la nécessité de la tolérance religieuse. Bien qu’il apprécie le système anglais, comme Montesquieu, son idéal de gouvernement a beaucoup d’affinités avec le despotisme éclairé.

Il défendait les intérêts des bourgeois et se méfiait de l’ignorance des secteurs populaires. Il critiquait les guerres, l’intolérance, la censure, la bureaucratie, la corruption, l’obscurantisme et le fanatisme religieux. Ses écrits les plus importants sont : Candide, ou Optimisme (1759), Essai sur les coutumes (1756) ; Dictionnaire philosophique (1764) et Lettres anglaises (1734).

Benjamin Franklin (1706-1790)

Homme politique, scientifique et inventeur américain. Ses intérêts scientifiques ont émergé en même temps que son activité politique. Il a participé activement aux événements qui ont conduit à l’indépendance des États-Unis et à la rédaction de la Constitution de 1787.

En ce qui concerne son activité scientifique, il a réalisé en France, en 1752, l’expérience qui lui a permis de prouver que les nuages sont chargés d’électricité et que la foudre est une décharge électrique. Grâce à cette expérience, il a formulé les concepts d’électricité négative et positive.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

Philosophe suisse, né à Genève. Défenseur de la participation du peuple à la vie publique par l’élection de ses représentants politiques.

Il prône la nécessité de réformes sociales et critique la noblesse et la bourgeoisie. Son œuvre la plus connue est le Contrat social (1762), qui exprime sa position politique de démocrate convaincu. Il cherche à harmoniser la liberté individuelle avec l’autorité du gouvernement pour établir la justice. Sa thèse repose sur l’idée d’un contrat, dans lequel chaque individu abandonne ses droits au gouvernement, qui lui donne en retour la garantie de sa vie et de ses biens.

Le résultat serait une volonté générale à la recherche du bien commun, une sorte de synthèse de ce qui est le mieux pour tous. La volonté générale est la souveraineté populaire et les gouverneurs sont de simples serviteurs du peuple, dans ce cas, le grand dépositaire du pouvoir.

L’une de ses principales idées est contenue dans son Discours sur les origines de l’inégalité sociale (1755) : l’homme primitif est naturellement bon, mais la société le corrompt. Dans ce processus, il y a des inégalités sociales, de l’esclavage et de la tyrannie. Une autre œuvre importante est Emilio , ou De l’éducation (1762), dans laquelle Rousseau exprime sa perspective des Lumières sur la pédagogie.

Denis Diderot (1713-1784)

Philosophe français, grand écrivain, et considéré par beaucoup comme le père de la critique d’art. Sa production littéraire est vaste. Il a travaillé sur de nombreuses réformes réalisées dans les encyclopédies.

Occupée par le problème de la nature humaine, sa philosophie exprime le caractère matérialiste et athée. Intérêt pour la prêtrise, la médecine et la juridiction.

Son travail de traducteur, d’enseignant et d’auteur d’articles a fait de lui un penseur polyvalent, écrivant dans diverses branches du savoir. Il a anticipé les théories de l’évolution, la constitution cellulaire des êtres vivants et les méthodes mathématiques. C’est dans cet esprit qu’il réalise avec D’Alembert son œuvre la plus célèbre, l’Encyclopédie ou Dictionnaire rationnel des sciences et des arts. Publié pour la première fois en France (1751 et 1772), il a rassemblé des milliers d’articles et a inspiré la Révolution française et d’autres penseurs des Lumières.

Francis Bacon (1562-1626)

Philosophe et homme politique anglais. Il a été avocat tout au long de sa carrière. Il poursuit une réforme cohérente des lois et le maintien du Parlement et des tribunaux britanniques, qui, selon lui, doivent occuper une position protégée des incursions arbitraires des souverains. La réforme de la connaissance était l’aspect le plus important de son travail.

L’objectif principal de Bacon était de raconter une immense « histoire naturelle » qui devait ouvrir la voie à une nouvelle « philosophie inductive ». Il a soumis les différentes connaissances humaines à une révision, en les classant selon les facultés de l’esprit (mémoire, raison ou imagination). Il a appelé ce système « le grand établissement ».

Cette dernière Instauratio magna débouche sur L’avancement des connaissances (1605), dans lequel la vérité ne peut être atteinte que par l’expérience et le raisonnement inductif, selon une nouvelle méthode, qui aboutira au Novum organum scientiarum (1620), un ouvrage qui entend refondre la logique créée par Aristote. Une telle pratique vise à la création d’un outil développé pour analyser l’expérience. De la collecte exhaustive de cas particuliers du phénomène étudié à l’induction ultérieure, par analogie, des caractéristiques ou propriétés communes à tous ces cas. Selon Bacon, ce procédé permet de passer de propositions particulières à des énoncés plus généraux. Ses travaux ouvriront la voie aux fondements de la science moderne.

Emmanuel Kant (1724-1804)

Philosophe allemand, né à Konigsberg. Jusqu’à son doctorat, il vit sa période « pré-critique », en raison de son attachement à la métaphysique rationaliste de Wolff et de son intérêt pour la physique de Newton.

Il devient professeur à l’université de sa ville natale en 1770, date à laquelle il commence ses travaux de critique de la métaphysique. Il a systématiquement fondé la philosophie critique, ayant également mené des recherches dans les domaines de la physique théorique et de la philosophie morale. Il est l’auteur de trois Critiques de la raison : Critique de la raison pure (1781), Critique de la raison pratique (1788) et Critique du jugement (1790).

Dans ce vaste projet, Kant a systématisé sa critique de la métaphysique dogmatique et du doute sceptique, donnant naissance à cet ensemble d’œuvres qui traitent des problèmes de la connaissance humaine, de l’application du droit, et sur les jugements du beau et de la fin de la nature.

Benjamin Constant (1767-1830)

Philosophe, écrivain et homme politique de nationalité franco-suisse. Un des pionniers du libéralisme, il a hérité de l’école des lumières écossaise, dirigée par Adam Smith et David Hume.

Ses travaux sur la religion et ses idéaux sur la liberté individuelle l’ont conduit à écrire son œuvre la plus connue, De la liberté des anciens comparée à celle des modernes (1819). Il est considéré comme un porte-parole du libéralisme en raison de ses efforts pour défendre la liberté et assurer l’indépendance privée.

Entre 1815 et 1830, il est actif dans la politique française en siégeant à l’Assemblée nationale. Il défend une conception libérale de gauche, ce qui signifie l’exigence d’une représentation formelle. Le citoyen moderne, selon lui, est un solipsiste, mobilisé par la consommation et capable d’agir uniquement pour ses propres intérêts.

Autres visions des Lumières

Romance 

Elle est née en réponse à l’idéologie rationaliste. Le romantisme a constitué un rejet clair des notions d’ordre et de rationalité typiques du néoclassicisme et des Lumières du 18 ème  siècle. Pour cette raison, le mouvement romantique met l’accent sur l’individu, le subjectif, l’irrationnel, l’imagination, la spontanéité, l’émotion et le transcendant.

Il s’est répandu dans toute l’Europe, avec une plus grande vitalité au Royaume-Uni et en Allemagne, puis en France. L’une des principales caractéristiques du romantisme est l’aspect intuitif, la liberté des formes, en opposition à la rigidité des lois du néoclassicisme artistique. Les romantiques cherchent à unir le sentiment individuel à l’action sociale, la beauté naturelle et les questions politiques. Wordsworth (1770-1850) écrit des bulletins politiques, William Blake (1757-1827) subit un procès, accusé de sécession.

En Allemagne, il y a eu le Sturm and Drang, un mouvement littéraire romantique de 1760 à 1780, dirigé par Goethe (1749-1832) et Schiller (1759-1805). Les romantiques ont également montré une profonde admiration pour la nature et le folklore.

L’humanisme 

Mouvement intellectuel survenu au 15 ème siècle dans le nord de l’Italie, qui cherche à diffuser des connaissances véritablement humaines et naturelles, par opposition au divin et au surnaturel.

L’humaniste défend la liberté de pensée pour bannir le sens dogmatique des choses et des idées ; l’amour de la nature, source de recherche pour le progrès de la science ; l’esprit de critique, d’analyse et d’interprétation ; l’étude des langues classiques (grec et latin) ; et un sentiment de réaction contre le spiritualisme médiéval.

Les principaux représentants étaient Francesco Petrarca (1304-1374), Jean Boccace (1313-1375), Erasme de Rotterdam (1466-1536). Le terme vient du mot italien « humanisti », lui-même dérivé du latin « studia humanitatis », qui était à l’époque le cours classique où les étudiants apprenaient la grammaire, la poésie, la rhétorique, l’histoire et la philosophie morale.

Branches

Le siècle des Lumières s’est développé de différentes manières, notamment dans les régions et les domaines de connaissance divisés :

Lumière française  : connue sous le nom de Lumières, elle est responsable d’une grande partie de la production de la pensée moderne concernant la raison humaine, les sciences et les lois. Les grands représentants sont Voltaire (1694-1778), Montesquieu (1689-1755), Jean Jacques Rousseau (1712-1778) et Denis Diderot (1713-1784).

Lumières écossaises : c’est le courant qui s’est le mieux consacré aux études sur l’économie, aboutissant à un libéralisme ultérieur. Fortement influencé par l’empirisme, notamment par John Locke (1632-1704). Parmi les personnalités les plus importantes, citons Adam Smith (1723-1790), David Hume (1711-1776), la poétesse Alison Rutherford (1712-1794), l’ingénieur James Watt (1736-1819) et l’architecte Robert Adam (1728-1792).

Les Lumières allemandes : principalement marquées par le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804), mais aussi Johann Gottfried von Herder (1744-1803), Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781) et Moses Mendelssohn (1729-1786).

Œuvres majeures du siècle des Lumières

De l’esprit des lois (1748) à Montesquieu

Dans sa publication la plus connue, Montesquieu distingue trois classes de gouvernement : le despotisme, la république et la monarchie. Chacune est fondée sur une nature et un principe prédominant.

Pour lui, la division est la suivante : despotisme (le gouvernement d’un seul est donné par la peur) ; république (le gouvernement de plusieurs est donné par la vertu de l’amour de la patrie) ; monarchie (le gouvernement d’un seul, mais limité par des lois fixes, est donné par l’honneur). Toutes ces formes de gouvernement ont pour but commun la préservation de la civilisation, ce qui renvoie au problème du droit à la liberté, ce qui fait de Montesquieu un enthousiaste de la force de la loi comme force supérieure et impersonnelle.

Candide, ou l’optimisme (1759) à Voltaire

Il s’agit d’un portrait satirique de la société du 15 ème siècle. Dans cette œuvre, nous trouvons la relation entre Cindido, qui vit avec sa bien-aimée Cunegunda et le maître Pangloss, dans sa conception que tous les événements « s’enchaînent dans le meilleur des mondes possibles ».

Le parcours des personnages vise à montrer comment les événements de la vie de Candide l’amènent à se méfier de la doctrine panglossienne (un processus argumentatif erroné et trompeur consistant à raisonner à rebours vers une cause possible parmi d’autres, vers un scénario préconçu ou vers la position que l’on souhaite prouver) . Le livre, qui n’était pas signé par Voltaire, mais par le curieux M. Docteur Ralph, fait partie de cette clé de lecture qui s’oppose à la pensée religieuse, dans la forme acide de sa critique et dans la large défense de la liberté intellectuelle.

Contrat social (1762) à Jean-Jacques Rousseau

L’œuvre la plus célèbre de Rousseau. Responsable de penser une liberté capable d’unir le problème de la volonté individuelle (libre arbitre) à la volonté générale pour les descendants africains, étant donné que la première doit émaner de la seconde. Cet État ne serait pas marqué par l’absence de restrictions, mais par l’exercice constant de recherche des meilleures règles.

La loi, dans ce cas, existe précisément pour que la liberté puisse exister. Ce n’est pas une condition préalable à l’association civile. Selon Rousseau, le peuple soumis à la loi doit en être l’auteur. L’ouvrage est divisé en cinq parties, couvrant les problèmes d’administration, de justice, d’appareil social, d’organisation sociale et un appendice.

Critique de la raison pure (1781) à Emmanuel Kant

En 1781, paraît la Critique de la raison pure, une enquête systématique sur la possibilité de la connaissance humaine. La philosophie transcendantale y gagne de l’espace, en structurant dans le sujet une série de principes a priori qui rendent possible l’expérience du sens.

L’ouvrage est également à l’origine de la distinction classique entre le phénomène, ce qui apparaît, et la chose elle-même (le phénomène), la réalité telle qu’elle existe en elle-même et est inconnaissable.

La question fondamentale de la critique kantienne est donc la possibilité de jugements synthétiques (c’est-à-dire qui agrègent des informations, plutôt qu’analytiques) et a priori (valeur universelle, non contingente), comme les mathématiques et la physique ont pu le prouver, mais pas la métaphysique, car elle ne s’applique pas aux structures transcendantales de l’expérience. Ainsi, il serait possible de prouver l’existence et la non-existence de Dieu, ou la liberté, avec des raisons valables.

Encyclopédie ou dictionnaire rationnel des sciences, des arts (1772) à Denis Diderot et D’Alembert

Ouvrage qui est devenu le principal vecteur de diffusion des idées des Lumières. Son but était de synthétiser les principales connaissances accumulées par l’humanité, dans une perspective d’éveil, de confiance dans la science et de progrès dans les différents domaines du savoir.

Il s’est également consacré à la théorie de la littérature et à l’éthique du travail. La sécularisation du savoir et la recherche du changement dans l’encyclopédie ont amené les autorités politiques et religieuses de l’époque à en interdire la publication.

Sur la liberté des anciens comparée à celle des modernes (1819) à Benjamin Constant

Il est considéré comme un porte-parole du libéralisme, à travers son œuvre la plus connue, On Ancient Liberty Compared to Modern Liberty (1819). On y trouve la distinction canonique entre :

1) la « liberté des anciens », participation active et constante au pouvoir collectif, partageant le pouvoir social entre tous les citoyens d’une même patrie ; 

2) la « liberté des modernes », qui exige la jouissance paisible et la garantie de l’indépendance privée.

Qui a influencé le siècle des Lumières?

Le siècle des Lumières est né de l’influence de certains auteurs de la pensée moderne dans la seconde moitié du 17 ème siècle.

Baruch Spinoza (1632-1677) 

Philosophe juif, Spinoza est né en Hollande. Il est devenu un grand représentant du rationalisme. Dans l’Attique (1674), sa grande œuvre, il soutient que l’univers est identique à Dieu, la seule substance existante.

Le Dieu spinozien est une substance unique, éternelle, infinie et vraie. Il est hors du temps et se déploie dans un nombre infini de perfections ou d’attributs infinis. Il est toujours considéré comme l’exposant moderne le plus complet du panthéisme.

Une autre œuvre d’importance politique et éthique est le Traité théologico-politique (1670), dans lequel Spinoza cherche à établir une division radicale entre la politique et la religion, où l’Église ne doit pas interférer dans la conduite de l’État.

L’exercice autonome et légitime de l’organisation de la société doit pouvoir freiner les passions irrationnelles, plus précisément l’état de violence et les passions primitives.

Spinoza prône le passage de l’état de nature à l’état rationnel. Il n’appartenait à aucune école et n’en a pas fondé. Cependant, son héritage a été très important, devenant un auteur très débattu dans l’idéalisme allemand en raison de sa notion de substance panthéiste, et des problèmes d’éthique et de religion qui découlent de sa conception métaphysique.

John Locke (1632-1704) 

Philosophe, médecin et scientifique, Locke est né à Wrington, en Angleterre. Il reçoit le titre de « maître des arts » en 1658, période durant laquelle il lit les auteurs qui l’influencent : John Owen (1616-1683), Descartes (1596-1650), Bacon (1561-1626) et Robert Boyle (1627-1691).

Ses œuvres majeures sont les Essais sur l’entendement humain (1690), les Lettres sur la tolérance (1632), les Deux traités sur le gouvernement civil (1689) et les Pensées sur l’éducation (1693). Locke est le fondateur de la méthode psychologique dans la philosophie moderne, car il a cherché la genèse de l’étendue et de la certitude de la connaissance humaine.

La méthode introspective découvre les voies de l’expérience externe, qui provient de la sensation, formant les idées simples, et les vérités objectives et l’expérience interne, la voie de la réflexion, résultant en des idées complexes, comme les vérités subjectives. Comme la certitude de la connaissance provient des expériences, il est considéré comme un philosophe empiriste. Locke est également à l’origine de la doctrine de l’État libéral, fondé sur la souveraineté du peuple.

Parmi les formes de gouvernement, ce philosophe penche pour la monarchie constitutionnelle, conscient que le sujet de la souveraineté n’est pas le roi mais le peuple. Pour Locke, la moralité a un rayon d’action indépendant de la religion. L’État et le pouvoir ecclésiastique ont des objectifs différents qui doivent être marqués sans que l’un soit un obstacle à l’autre.

Pierre Bayle (1647-1706) 

Considéré comme un philosophe sceptique et un encyclopédiste né à Le Carla, en France. Il est l’auteur du Dictionnaire Historique et Critique (1696-1697). Il a également été  rédacteur de la revue Nouvelles de la République des Lettres entre 1684 et 1687.

En 1675, Bayle devient professeur de philosophie à l’académie calviniste de Sedan, où il enseigne jusqu’en 1681. Il part à Rotterdam, en Hollande, pour enseigner et philosopher. La même année, il écrit ses  Pensées diverses sur la Comète (publiées en 1694), qui consistent en une analyse de la superstition populaire.

Après la révocation de l’édit de Nantes (1685), il commence à s’attaquer à l’intolérance religieuse, défendant le « droit de conscience dans l’erreur » dans son ouvrage Commentaire philosophique (1686). L’ouvrage est condamné par tous les théologiens protestants, dont Pierre Jurieu et Elie Saurin, qui voient dans le texte une apologie de l’incroyance religieuse.

Son projet le plus important est le Dictionnaire historique et critique (1697), qui combine toutes sortes de tergiversations pour anéantir la philosophie ancienne et moderne. Il a lancé des défis sceptiques au cartésianisme, au nouveau rationalisme de Leibniz et à toutes les tentatives de ce genre. Ses arguments, notamment dans les articles sur le sceptique grec Pyrrhus d’Elis (environ 360 avant J.-C. – environ 270 avant J.-C.) et sur Zénon d’Élégie (490/485 avant J.-C. – 430 avant J.-C.), ont soulevé des problèmes centraux pour la prochaine génération de philosophes.

Isaac Newton (1643-1727)

Il est né en Angleterre. Philosophe, mathématicien, astronome et physicien. Sa principale contribution à l’histoire des sciences est la formulation de la loi de la gravitation universelle. Son œuvre majeure, Mathematical Principles of Natural Philosophy (1687), écrite en trois volumes, a marqué un tournant dans l’histoire des sciences.

Newton, par le biais du calcul mathématique, a rassemblé des éléments distincts pour formuler des notions sur les lois cartésiennes du mouvement, les lois des mouvements planétaires de Johannes Kepler (1571-1630) et l’étude de la chute des corps de Galileo Galilei (1564-1642). Contenant les principales idées de la mécanique classique, on trouve dans l’œuvre de Newton le calcul différentiel pour l’étude du mouvement des corps, les concepts de la trajectoire des planètes et surtout la théorie de la gravitation.

Sources et inspirations

Les Lumières ont influencé non seulement les penseurs dans divers domaines, mais aussi les écoles et les mouvements sociaux dans l’histoire :

Les révolutions 

De nombreux mouvements et révolutions ont été inspirés par l’idéal des Lumières de la conquête des droits et d’une nouvelle forme sociale et politique : la Révolution française et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789-1799), l’indépendance des États-Unis (1775-1783) et l’Inconfidencia Mineira (1789).

Rois et chefs d’État 

L’idée d’émanciper la société par la culture de la littérature a séduit un certain nombre de chefs d’État, qui ont permis un environnement favorable au développement de la pensée philosophique et scientifique, ainsi que des arts.

Certains des personnages importants étaient : Catherine II de Russie, influencée par Voltaire et D’Alembert ; Joseph II d’Autriche, qui a mené des réformes majeures telles que l’abolition de l’esclavage, l’imposition du clergé et de la noblesse et la construction d’infrastructures ; Frédéric II de Russie, principal monarque à s’approcher des Lumières, abolit la torture, fonde des écoles, réforme le système pénal et commence à accepter toutes les croyances religieuses ; enfin, le marquis de Pombal, comte portugais et ministre du roi D. José du Portugal. José de Portugal. Il expulse les jésuites des terres portugaises (Portugal et ses colonies) et réforme la structure administrative (éducation, économie, social et armée), développant le commerce colonial.

Philosophie française et allemande 

Aux 18 ème et 19 ème siècles, alors que sur le territoire français, Les Français ont été assez marqués par les écrits sociaux et politiques, défendant même l’athéisme, tandis qu’en territoire allemand, la critique kantienne a mis l’accent sur le problème de l’idéalisme métaphysique.

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